Le pilote néerlandais est, à 19 ans, le plus jeune pilote engagé dans le Championnat du Monde de Formule Un. Il a enchaîné les records de précocité tout au long de ses deux premières saisons en catégorie reine. Adulé, mais aussi critiqué, Max Verstappen ne fait cependant pas l’unanimité au sein du paddock. Retour sur un talent en devenir.

Plus jeune pilote engagé en Formule Un, plus jeune pilote à remporter un Grands-Prix…Max Verstappen affole les compteurs, et les records ! À seulement 19 ans, il a déjà vécu deux saisons complètes en Formule Un, remporté un Grand Prix et est monté à sept reprises sur le podium. Le pilote Red Bull a encore un bel avenir devant lui. Mais ces chiffres ne sont pas anodins. Ils sont le résultat d’un indéniable talent, combiné à une volonté de s’imposer sur tous les terrains. En outre, Verstappen dispose d’un des baquets les plus prisés sur le plateau, la RB13 de l’écurie Red Bull. Elle est parmi les écuries les plus compétitives depuis déjà plusieurs années, et a glané quatre titres des conducteurs et constructeurs entre 2010 et 2013.

Autant vous dire qu’il est sur une très bonne voie, et qu’il ne compte pas s’arrêter là. Mais quel est l’origine de ce phénomène, à l’heure où la Formule Un apparaît comme étant l’un des sports automobile les plus difficiles d’accès ?

Une vocation précoce

Max Verstappen est né le 30 septembre 1997. Il est le fils de Jos Verstappen, ancien pilote en Formule Un de 1994 à 2003 et de Sophie-Marie Kumpen, elle aussi impliquée dans la course automobile de par son expérience en tant que pilote de karting. Jos Verstappen est connu pour avoir fait ses débuts aux côtés du futur septuple Champion du Monde, Michael Schumacher. Au cours d’une carrière pauvre en podiums et victoire, il n’aura pas profité du destin que son fils semble connaître. Néanmoins, ces huit années en Formule Un lui auront permis d’acquérir une expérience incontournable à l’élaboration de la carrière de son fils, dont il est le mentor.

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Ce contexte familial aura permis à Max Verstappen de faire ses premiers tours de roue très tôt. À l’âge de quatre ans, il monte pour la première fois dans un kart. Mais d’après lui, ce n’est pas son père qui en est à l’origine : « Mon père ne m’a jamais forcé la main. Je me souviens qu’à quatre ans, je l’appelais et lui disais : Je veux faire du kart. J’ai tellement insisté que deux ou trois semaines plus tard, j’avais mon kart ».

Les débuts en compétition

Dès lors, il s’engage rapidement dans la compétition : vice-champion lors du championnat de Limbourg en 2005, champion des Pays-Bas de karting en catégorie Minimax (2007), puis champion de Belgique en cadets la même année. Ces très bons résultats lui permettent d’accéder aux catégories européennes dès 2010, à seulement 13 ans. Il remporte de nombreuses victoires, tant en Europe qu’aux États-Unis, ce qui lui permet d’acquérir une petite notoriété dans le milieu.

Il approche ainsi doucement le monde des monoplaces. En 2014, Ferrari l’invite à un stage en Floride aux côtés de pilotes de Formule 3 aguerris. Il participe au Florida Winter Series et obtient 2 victoires et 5 podiums, ce qui lui permet d’accéder au Championnat d’Europe de Formule 3. C’est là qu’il est découvert par le groupe Red Bull, qui lui offre une place dans sa « Junior Team ». C’est cet évènement qui lui permettra de s’orienter vers la Formule Un, Red Bull ayant formé des pilotes encore en activité comme Sebastian Vettel et Daniel Ricciardo. En parallèle, il continue sa progression avec les Masters de Formule 3, épreuve qu’il remporte. Un autre signe de son talent, car cette épreuve a propulsé en Formule Un de nombreux pilotes doués, comme Jules Bianchi, Valtteri Bottas et Lewis Hamilton, mais aussi son père, Jos.

À la surprise générale, il est annoncé comme pilote titulaire chez Toro Rosso pour la saison 2015. Il est ainsi préféré à des pilotes plus expérimentés. Helmut Marko, directeur de la filière jeune chez Red Bull, estime que Verstappen a réalisé « des performances extraordinaires ». Son arrivée est la cause du départ forcé du français Jean-Eric Vergne, Red Bull lui préférant Carlos Sainz Jr.

Max et Jos

Tel père, tel fils. © Facebook

L’arrivée précoce en Formule Un

Max Verstappen est donc, à 17 ans, 5 mois et 15 jours, le plus jeune pilote de l’histoire à courir un Grand-Prix, lors de la manche inaugurale de la saison 2015, en Australie. Quand on revient sur cette période de sa carrière, il explique ne pas regretter ce choix : « Je suis content de la façon dont ça s’est passé. C’était risqué de me lancer aussi jeune, mais j’avais confiance ». Il détrône ainsi l’espagnol Jaime Alguersari, qui avait 19 ans lors de son premier Grand Prix, en 2009 (Qui lui aussi était issu de la filière jeune de Red Bull).

Pour sa première course, il se qualifie 12ème, se bat parmi les dix premiers pendant une bonne partie de la course, mais abandonne sur casse mécanique. Lors du Grand Prix de Malaisie, il devient le plus jeune pilote à marquer des points en Formule Un. Il s’approche de plus en plus du podium au fur-et-à-mesure de la saison, avec une huitième place en Autriche, puis deux quatrième places, en Hongrie et aux États-Unis. Au terme de la saison, il s’adjuge la douzième place du classement des pilotes avec 49 points. Ses performances lui permettent d’acquérir la confiance de son employeur pour la saison 2016.

2016, une saison révélatrice

Max Verstappen aborde sa deuxième saison en Formule Un avec de de l’énergie. Il réalise sa meilleure qualification de son début de carrière en s’alignant en cinquième position sur la grille de Melbourne. Jusqu’au Grand Prix de Russie, il termine à chaque fois dans les points, et régulièrement devant son coéquipier.

Sa saison prend un tournant à la fin du Grand Prix de Russie : Daniil Kvyat, alors deuxième pilote chez Red Bull, est relégué au rang de pilote titulaire chez Toro Rosso, l’écurie de « seconde classe » appartenant à Red Bull Racing. En cause, l’accrochage entre le pilote Russe et l’allemand Sebastian Vettel, lors de la course à Sotchi. Verstappen est alors promu deuxième pilote chez Red Bull, deuxième écurie la plus performante de la saison. Si cette situation a joué en faveur du néerlandais, elle est beaucoup plus difficile pour Kvyat, qui voit sa chance de concourir chez les grands s’effacer, Toro Rosso étant une voiture se battant plus pour le Top 10 que pour les podiums. À ce sujet, le néerlandais déclare que « Oui, c’est cruel, mais de nombreux pilotes ont eu à vivre ce genre de choses ».

Et à peine engagé chez les Taureaux, Verstappen confirme ce pourquoi il a été choisi : pour son premier Grand Prix avec l’écurie autrichienne, il termine sur la plus haute marche du podium. Cette victoire a été en grande partie possible par le double abandon des Mercedes dès le premier tour, mais c’est indéniablement un pilotage précis et une excellente gestion de ses pneus qui aura permis à Verstappen de remporter la course. Il devient ainsi, à 18 ans, 7 mois et 15 jours, le plus jeune pilote de l’histoire à mener un Grand-Prix, à monter sur un podium et à s’imposer en Formule Un.

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Le reste de la saison est un peu plus hétérogène : si Verstappen remporte un Grand Prix, il est toujours un pilote assez inexpérimenté en F1. Il connaît des abandons (notamment à Monaco à cause d’un accident) et est au coeur de la polémique, à cause de ses dépassements et manoeuvres jugées dangereuses par de nombreux pilotes du plateau. Il termine la saison 2016 à la cinquième place du Championnat du Monde des pilotes, avec 204 points au compteur. Une saison révélatrice pour le jeune pilote, qui conserve son baquet chez l’écurie Red Bull en 2017.

Verstappen podium

La saison ne sera pas sans podium. © Getty Red Bull Content Pool

Un pilotage qui impressionne

Max Verstappen, même si il n’en est qu’à sa troisième saison en tant que pilote de Formule Un, a révélé être très habile au volant d’une monoplace. Il l’a prouvé lors de son passage chez Toro Rosso, avec de nombreux dépassements et l’entrée régulière dans le Top 10. Mais dès son arrivée chez Red Bull, son pilotage est encore plus mis en valeur. Il n’hésite pas à imposer sa présence auprès de grands champions, tels que Kimi Raïkkönen en Espagne, Nico Rosberg en Allemagne et Lewis Hamilton au Japon. La prise de risque est aussi caractéristique chez le jeune néerlandais. Il décrit cette prise de risque comme étant « acceptable ».

Elle est illustrée par une superbe course réalisée lors du Grand Prix du Brésil. L’épreuve,est perturbée par une pluie torrentielle. Malgré tout, Verstappen n’hésite pas à pousser les limites de sa monoplaces. Dans les derniers tours, il passe de la quatorzième à la troisième place, en dépassant notamment Nico Rosberg de la plus belle des façons : par l’extérieur, sur une piste détrempée. Du génie de pilotage, qui confirmera l’habileté avec laquelle Verstappen conduit sa monoplace. Il évite aussi un accident, en effectuant un dérapage très bien contrôlé et qui lui permet de ne perdre aucune place au classement.

C’est donc un excellent pilotage, combiné à la solidité de son écurie, qui permet à Max Verstappen de réaliser des prouesses de pilotage. Le pilote néerlandais pimente les courses et est devenu la tête de turc de nombreux pilotes.

Mais un pilote qui ne fait pas l’unanimité

Si ses performances ont été saluées, Max Verstappen a reçu un accueil mitigé de la part du monde de la Formule Un. Tout d’abord à cause de son jeune âge et de son inexpérience : en effet, lors de son premier Grand Prix, le néerlandais ne disposait pas encore de son permis de conduire !

Mais ce qui fait plus grincer les dents de la plupart des experts (et pilotes !), c’est son pilotage, parfois très osé. Déjà à l’origine d’un accident (lors du Grand Prix de Monaco 2015, où il harponne Romain Grosjean, pour finir s’encastrer dans le mur de pneus), Verstappen n’hésite pas à entreprendre des dépassements très risqués, notamment lorsqu’il s’agit pour les pilotes concernés de jouer le titre de Champion du Monde. Rosberg perd ainsi sa deuxième place durant le Grand Prix du Brésil pendant quelques tours, mettant en péril sa victoire au Championnat du Monde.
Mais c’est aussi le cas lorsque le pilote néerlandais défend ses positions. Lors du Grand Prix de Belgique, il résiste face à Kimi Raïkkönen en changeant tardivement de trajectoire. Idem au Mexique, où il contraint Rosberg à couper un virage pour éviter la collision. La FIA a par la suite créée une règle spéciale stipulant l’interdiction de changer de position dans les zones de freinage. Un véritable casse-tête pour les officiels.

Ce pilotage osé s’associe à un caractère affirmé. Quand ses rivaux s’insurgent contre son attitude en course, Verstappen rétorque que cela « l’importe peu ». Selon lui « Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Je ne changerai pas mon style de conduite. Ils doivent faire avec ». Un caractère bien trempé donc, qui lui aura valu les foudres des pilotes les plus expérimentés, notamment Seb
astian Vettel. Dans les derniers tours du Grand Prix du Mexique, Verstappen coupe un virage et prend l’avantage sur Sebastian Vettel. Intimé par son écurie de rendre la position, il refuse, et poursuit sa course comme si de rien n’était. Malgré une pénalité qui, à l’issue de la course, lui coûtera sa troisième place, le
pilote néerlandais aura attiré les foudres de Vettel. Ulcéré par le refus de Verstappen d’obtempérer, le pilote d’allemand l’insultera à la radio. Mais encore une fois, Verstappen ne compte pas agir pour son attitude en course : « Je ne changerai pour personne »

Verstappen

Verstappen a déjà imposé son tempo auprès des grands. © Getty Red Bull Content Pool

Verstappen, un prodige qui a encore du chemin devant lui

Max Verstappen a de beaux jours devant lui. Si sa carrière en Formule Un n’est que très récente, il a déjà prouvé qu’il peut se battre parmi les meilleurs. Au volant d’une solide monoplace qu’est la RB13, il a aujourd’hui l’occasion de figurer parmi les outsiders de cette saison 2017.

Malgré une attitude peut-être trop confiante, et un pilotage parfois trop extravagant, il lui reste beaucoup à apprendre. Dès lors, il pourra prétendre concourir, si tout se passe bien, à la course au titre mondial d’ici les années à venir. Il le dit lui même : « Pour être un champion, cela ne vient pas tout seul. Il faut travailler, se battre, sur et à l’extérieur des circuits. Et j’espère que d’ici là, je continuerai à m’améliorer ».