Mario Isola était présent pour l'Autosport International. Au cours d'une intervention, il s'est exprimé sur les inconvénients d'une guerre des pneus en F1.

Cela fait depuis 2006 que la F1 n'a pas vu deux manufacturiers en F1. A cette époque, Bridgestone et Michelin se livraient une bataille technologique. Seulement, Michelin a quitté la F1 à la fin de la saison 2006, suite à "l’aboutissement d’un constat de désaccord entre notre vision de l’avenir de la F1 et celle que la Fédération Automobile Internationale veut développer dans le domaine du pneu », déclarait Frédéric Henry-Biabaud à Libération.

Par la suite, Bridgestone va laisser sa place à Pirelli. C'était en 2011. En 2015, l’appel d’offres pour le contrat manufacturier des saisons 2017 à 2019 est lancé. Pirelli y répond tout comme Michelin. Ce sont les seuls. Finalement, Pirelli remporte le contrat.

Les inconvénients d'une guerre des pneus

Si les fans plébiscitent une guerre des pneus, la réalité est autre. De nos jours, "nous fournissons le même produit à toutes les équipes, qui sont au même niveau en termes de pneus'', explique Mario Isola.

Introduire un nouveau manufacturier signifie différentes choses. Ainsi, "vous augmentez les coûts car vous devez effectuer des essais. Vous auriez les meilleures équipes avec un meilleur produit que les équipes intermédiaires ou les équipes inférieures. Il n'aurait aucune obligation à fournir le même pneu à tout le monde'', explique-t-il. Aussi, chaque manufacturier devrait avoir chacun une équipe de développement. A l'époque de la lutte Bridgestone/Michelin, le premier disposait des données recueillies par Ferrari, le second par Renault. Cela donnait un certain avantage à ces deux équipes.

Il y aurait aussi une disparité de performances. "Avec deux ou trois manufacturiers, vous auriez peut-être quelques équipes qui se battraient au sommet. Mais tout le monde aurait des ennuis avec la performance. Avec le pneu, vous pouvez facilement trouver une demi-seconde ou plus. Vous créez un delta plus grand qu'aujourd'hui'', déclare-t-il.

Enfin, vient la question des coûts. Avoir un rival en F1 coûterait « environ quatre ou cinq fois » plus cher. Un problème logistique se poserait aussi. « Vous devez suivre le développement des voitures, et pas seulement cela, mais vous devez également avoir vos propres mix pour chaque équipe, car chaque voiture est différente », expliquait-il en fin d'année dernière. Cela signifie la fabrication de pneus pour chaque piste et chaque équipe. Dans le cas d’un championnat équitablement réparti, on compte 300 différents composés. Ce résultat se base ainsi sur la fourniture de trois types de pneus à cinq équipes sur vingt Grands Prix.